Un lieu commun est de dire que l'anglais s'est imposé comme langue universelle parce qu'elle la langue du commerce. Historiquement, l'observation est généralement valable, or je réalise seulement maintenant que l'explication est devenue nettement insuffisante pour expliquer sa suprématie actuelle.
Si la place de l'anglais comme langue universelle est aujourd'hui indélogeable, c'est bien, plus précisément, parce qu'elle a su s'imposer comme la langue des échanges. Cela va effectivement bien au-delà du commerce et des affaires, englobant, par extension, les mondes de l'information et des communications, terreaux éminemment fertiles pour l'adoption de normes universelles.
Le développement de l'informatique, et de l'Internet en particulier, a fait naître une myriade de termes, mais surtout d'acronymes, servant à désigner des concepts nouveaux, à une vitesse telle que les cultures ont à peine le temps de les assimiler et de se les approprier (par exemple, il aura fallu plus de vingt ans au Québec pour adopter le terme « courriel », alors que les Français utilisent toujours de la forme anglaise, en francisant parfois l'orthographe: « mél » ). Or, l'anglais s'est rapidement imposé comme langue d'origine pour la description de ces nouveaux concepts et les acronymes qui en résultent, s'imposant comme les référents universels des concepts eux-mêmes.
Par exemple, si vous regardez maintenant la barre d'adresse de votre navigateur [concepts relativement bien assimilés en français] vous verrez que l'URL (Uniform Resource Locator) qui y paraît commence par les lettres HTTP (Hyper Text Transfer Protocol), le nom d'un protocole d'échange sur lequel repose le « web ». Bien qu'il ne serait pas techniquement impossible de localiser [un néologisme issu de l'anglais] tous ces termes et leurs acronymes, le faire en plusieurs langues serait source de confusion et deviendrait rapidement un véritable casse-tête, alors qu'il est si commode pour tout le monde d'utiliser l'acronyme d'origine.
Inscrites directement dans les différents idiomes programmatiques et les nouveaux espaces de noms, ces terminologies anglophones ont fixé définitivement l'anglais comme l'ultime langue nécessaire à la compréhension, l'étude et le développement des applications informatiques. Même au-delà, on pourrait dire que la langue de Shakespeare est désormais l'idiome génétique de l'information.
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